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mercredi 3 février, Limoges



Apicella, fine fleur de la danse


Danseuse, Valéria Apicella développe aussi son propre univers chorégraphique. Elle signe et interprète My flowers (Mes fleurs), aux côtés de la chanteuse et performeuse Ruth Rosenthal.
















Il y a dans cette mise en danger, cette mise à nu, quelque chose d'éminemment vivant. C'est grisant. Ce bonheur vient aussi du fait qu'en dansant, on accède à une intemporalité. Le temps devient celui de l'éternel. »

En créant et dansant ses propres oeuvres, Valeria Apicella va plus loin dans cette mise en danger, cette mise à nu. Elle veut aussi exprimer ses points de vue, en l'occurrence dans My flowers, sur la féminité. « Trop souvent, en tant qu'interprète, je n'ai dansé qu'une féminité gracieuse. Ce n'est qu'un des aspects de la féminité. »

Pour en parler autrement, la chorégraphe a choisi d'évoquer le « drame de l'amour », s'inspirant notamment de la tragédie antique. Elle a ainsi songé à Médée, délaissée par Jason, qui tue ses enfants, à Didon qui se suicide pour ne pas trahir son époux... Mais non, dans My flowers, la femme, les femmes, ne se suicident pas. Elles se reconstruisent. C'est cette reconstruction qu'a voulu danser Valeria Apicella, portée, emportée, par la voix belle et grave de la chanteuse Ruth Rosenthal.

Du moins, c'était là le point de départ de la pièce. Il a évolué. Au cours de leur recherche, la danseuse et la chanteuse ont exploré des espaces moins clairement définis, des lieux où se terrent des puissances archaïques, reliées au sacré. Elles sont allées à la rencontre des figures multiples de la femme, ancestrales, mères, grand-mères, ou mythiques, comme les madones... « Sur scène, les deux présences féminines, de la danseuse et de la chanteuse, peuvent figurer des soeurs, une même femme à deux époques différentes de sa vie, etc. Tantôt, la femme est présente dans sa complexité unifiée. Tantôt, elle est tiraillée entre les diverses réalités qui la constituent. »

Valeria Apicella conclut que le spectateur saura aussi projeter ses propres interprétations sur le duo atypique qu'elle forme avec Ruth Rosenthal. En effet, l'enjeu de cette pièce est aussi de créer un véritable dialogue entre la danse et le chant. « Pour moi, dans My flowers, le chant est lui aussi un corps... ».

Muriel Mingau

Les fleurs de Valeria Apicella viennent d'Italie. « Mes parents y étaient fleuristes », confie-t-elle. Aussi, en choisissant pour titre My flowers, la chorégraphe marque son intention de donner une forte résonance personnelle à sa pièce. Avec la chanteuse et performeuse israélienne Ruth Rosenthal, elle a d'ailleurs répété ce spectacle à Naples, sa ville natale.

Il faut dire que longtemps, Valeria Apicella fut uniquement interprète. Elle dansa notamment pour Carolyn Carlson et Paco Decina.

« Le plaisir alors est de se mettre totalement à l'écoute du chorégraphe, explique-t-elle. Puis, il est de rencontrer le public. On a beau répéter et répéter, on ne sait jamais comment ça va se passer avec lui. On s'expose.

Valeria Apicella dans My flowers, Turin, 11/2009

photos Paola Pansini, Matteo Cattaruzzi

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