Comment rencontrer une œuvre et une artiste comme Carol Rama ?

Comment créer un dialogue avec un univers si vaste ?


Faire un pas au-dedans, vers l’autre.

Je crois à l’imprégnation.

Voilà pourquoi j’ai cherché à rencontrer Carol Rama chez elle...

où elle se trouve à ce moment précis de sa vie, qui va vers sa fin.

J’oserais presque imaginer son corps allongé me demander de lui prêter le mien pour un dernier cri, pour un geste à offrir encore au monde.


Créer c’est enfanter une nouvelle vision du monde.

Voilà ce que l’œuvre et la vie de cette femme ont travaillé tout au long du 20e siècle.

Affirmer une présence féminine à ce moment du monde.


Son atelier est une alcôve, une camera oscura.

Un lieu coupé du reste, du temps, des autres.


« Il y a quelques lumières allumées mais les fenêtres sont bouchées par de gros rideaux noirs. Les murs sont peints en gris foncés, le plafond aussi.

Il y a un grand lit noir au milieu. Un lit lourd, comme un tombeau placé au milieu d’une pièce, entouré d’objets. Comme si la pièce elle-même était un sarcophage. »

ORMALACRA

performance

Ce lieu, je l’ai vécu comme le ventre d’une baleine...

alors que je porte aussi un espace en moi, coupé du reste du monde, du temps et du regard.

Je décide de laisser mon corps devenir une surface de projection mobile, pour dialoguer avec le corps de cette femme à l’endroit où il est aujourd'hui, avec sa forme.

Sans jugement. Sans restriction, sans obligation ni honte.

Comme il a été écrit qu’elle occupe « une position poétique qui légitime l’obscénité du geste ».


Des yeux en porcelaine et des fragments organiques,

des pulsations cardiaques,

dans une pulsion de vie et de plaisir non normé.

Tous les sens sont convoqués. 


« C’est un personnage qui change, comme si elle voulait simplement être libre, libre chaque jour de sa vie d’être ce qu’elle voulait, de s’inspirer de ce qu’elle voulait. Un personnage sans référence. »

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